mercredi 22 août 2007

Le génie de la la[...]e

Du dédoublement

Le mot génie est souvent usité dans le langage courant pour désigner un phénomène engendré par un être ou un esprit dont la portée dépasse les capacités du commun des mortels. Phénomène qui serait donc d’origine surhumaine ce qui aurait pour effet de rendre le génie singulier face aux autres gens. Cependant, comme nous le verrons, le terme génie trouve son ascendance dans la grande famille du mot gens, justement, c’est-à-dire que son étymologie fait partie d’un corpus de termes qui trouvent leur sens dans une idée de continuité et non de discontinuité voire de rupture. Il s’agira donc dans ce texte de réfléchir sur cette dialectique. Au fond, je tenterai modestement d’alimenter ce que Jacques Derrida (2003) évoquait de la manière suivante :

[…] si je devais proposer quelque chose comme une thèse, j’essaierais de montrer en quoi le concept de génie, si c’en est un, doit se soustraire et à son sens courant et même à son appartenance pourtant évidente et vraisemblable à la série homogène, homogénétique, génétique, générationnelle et générique (genèse, généalogie, genre). S’y soustraire et même en déranger l’ordonnance (p.14).


Pour commencer, arrêtons nous plus en détail sur l’étymologie même du mot génie. Selon le Petit Robert (2002), son origine viendrait du latin genuis « divinité tutélaire ». Ce dernier terme trouverait quant à lui son fondement dans le mot latin (et français) gens (ancien pluriel de gent), gentis « race ; peuple ; nation », de genere, forme archaïque de ginere, p.p. genitus « engendrer », rattaché semblerait-il phonétiquement à une racine indo-européenne gen(e)-, gne- « engendrer » et « naître » (cf. grec gignesthai « naître » et « devenir » d’où vient entre autres genesis (terme grec repris en latin) « genèse »). Cette vaste famille comprend donc des mots liés à la naissance, à la reproduction : engendrer, géniteur, génital et congénital, progéniture, génitif, germe, germain, générer, génération, etc. Aussi, genre, général et générique partagent le même sémantisme. Gentil « païen » et gentilité renvoient de même à gens « peuple », comme génocide et gentilé. Néant appartient à cette famille, « pas un vivant » (avec anéantir et néanmoins), et a joué un rôle dans l’altération de feignant en fainéant. D’autre part, gens et gent ont formé gendarme, gendelettre ou entregent. De l’idée de « né », on glisse vers « bien né, noble » : généreux, gentil, gentillesse, gentilhomme… Pour conclure, génie vient aussi d’ingenium (en latin « caractère innée » puis « ruse, adresse » jusqu’au XVI, ce sens étant passé dans ingéniosité) et par ce fait est à rapprocher de s’ingénier à, ingénieux et ingénieur1. Autrement dit, il semblerait que la source de l’une des significations actuelles du mot génie entendu comme étant un être mythique, un esprit bon ou mauvais, parfois doué d’un pouvoir magique, qui influe sur la destiné viennent du latin genius (« divinité tutélaire »)2. La seconde acception au sens d’aptitudes innées, de dispositions naturelles ; d’aptitude supérieure de l’esprit qui rend quelqu’un capable de créations, d’inventions, d’entreprises qui paraissent extraordinaires ou surhumaines découlerait quant à elle du latin ingenium (« caractère, aptitude inné »)3. De-là viendrait, comme on l’a vu, par glissement sémantique, la troisième définition liée au génie logistique, stratégique, technique et scientifique (génie militaire, génie civil, rural, génie génétique, etc.).
Aussi, il faudrait préciser maintenant de quel génie parlons-nous afin peut-être de mieux parler des autres. Si l’on arrive plus ou moins à proposer une étymologie du terme génie, il semblerait qu’il soit contradictoire d’énoncer théoriquement l’essence du génie, ce qui le constitue, lorsqu’il est entendu en tant que faculté innée si l’on désire justement voir en quoi toute forme du génie opère une possible rupture. Jacques Derrida (2003) dit à ce propos :

Aucun critère n’autorisera jamais la définition constative et théorique du génie (comme par « le génie est ceci ou cela, il fait ceci ou cela, il crée ceci ou cela ») ; autrement, on la réduirait à la série homogène, et naturelle, et ontologique de la genèse, de la généalogie et du genre (p.100).

Sans compter que nous serions confrontés à un problème fondamental de la psychologie cognitive, qui est celui de savoir quelles compétences peuvent être déclarées comment étant innées ou acquises. En fonction de cela, je me tournerai vers la figure du génie en tant qu’esprit bon ou mauvais doué parfois d’un pouvoir magique. Je m’attacherai donc à tenter de saisir de quelle manière il apparaît et qu’est-ce qui motive cette apparition, car c’est peut-être là que s’investit ce qu’il est. Néanmoins, et c’est là toute la difficulté de cette entreprise, il n’y a pas un génie mais des génies qui ont chacun leur forme et leur manière d’apparaître et ceci dans de nombreuses cultures. Ainsi, selon la légende, Salomon aurait possédé un anneau (appelé aussi Sceau) mystérieux par la vertu duquel il commandait à toutes les légions de djinns (terme arabe le plus couramment utilisé pour désigner un génie4), qui, à la volonté de ce roi, exécutaient les plus grands prodiges. Dans le Coran, il est fait allusion aux pouvoirs qu’aurait accordé Dieu à Salomon et notamment à cette kyrielle de génies mise sous ses ordres. Dans la 21ème Sourate (v. 82) il nous est dit qu’il fut soumis à Salomon “des démons qui plongeaient pour pêcher des perles pour lui, et exécutaient d’autres ordres” et dans la 34ème Sourate (v. 11) que fut assujetti “le vent à Salomon. Il soufflait un mois le matin et un mois le soir. Nous fîmes couler pour lui une fontaine d’airain. Les génies travaillaient sous ses yeux, par la permission du Seigneur, et quiconque s’écartait de nos ordres était livré au supplice de l’enfer. (v. 12) Ils exécutaient pour lui toutes sortes de travaux, des palais, des statues, des plateaux larges comme des bassins, des chaudrons solidement étayés comme des montagnes” ; pour finir , il est précisé dans la 37ème Sourate (v.37) qu’il en fut livré “d’autres chargés de chaînes”. Un des génies dans le conte d’Aladin réside aussi dans un anneau, les autres, comme on le sait, dans une lampe. Il faut que le propriétaire de ces objets les frotte afin de faire apparaître l’un des djinns (dont il devient le maître) qui leur est respectivement lié. Le génie émanant de la bague nous est décrit dans ce conte comme ayant “une physionomie d’homme irascible” (p.52) quant au premier qui sort de la lampe, il aurait “les traits sévères, la stature haute” faisant même peut-être partie “de la race des géants” (p.60) et possédant “une austère figure”(p.61). On apprend d’ailleurs par ce djinn qu’ils sont nombreux à appartenir à la lampe et qu’ils sont tous dévoués à son propriétaire :

— Commande ce que tu veux de moi. Me voici ton serviteur, comme je suis le serviteur de toute personne qui a la lampe entre ses mains. Non seulement moi, mais tous les serviteurs de la lampe enchantée que tu détiens en ce moment (p.60).

On notera que dans la traduction d’Aladin réalisée par René R. Khawam (1988) à partir des manuscrits originaux arabes, les djinns que nous citons sont des djinns rebelles à Salomon et que l’un d’entre eux se rebelle justement lorsque Aladin lui ordonne d’aller chercher un œuf de rokh (gigantesque oiseau qui est souvent cité dans Sinbad) ce que le génie refuse catégoriquement de faire sans en justifier le motif, mais bascule dans une colère qui le pousse à menacer Aladin et son épouse de les broyer en cendres et de disperser celles-ci aux quatre vents s’il réédite cette requête5. D’autre part, chez beaucoup de peuples orientaux, les génies peuvent se manifester sous de multiples apparences aux yeux des hommes. D’après la conception musulmane, comme nous l’avons vu en partie plus haut, les djinns sont des êtres corporels formés d’une vapeur ou d’une flamme, doués d’intelligences, imperceptibles à nos sens ; ils peuvent apparaître sous différentes formes et sont capables d’accomplir de pénibles travaux. Ils ont été créés d’une flamme sans fumée, tandis que les hommes et les anges, les autres classes d’êtres intelligents, ont été faits de limon et de lumière. Ils peuvent avoir part au salut ; Muhammad a été envoyé aussi bien pour eux que pour l’humanité ; une partie d’entre eux iront au Paradis, tandis que d’autres seront livrés aux flammes de l’enfer. Dans la croyance Turc, par exemple, le génie prend le plus souvent l’aspect d’animaux tels que : chat noir, canard, poule avec sa couvée, buffle, renard, ou bien sous la forme humaine, en hommes normaux ou en nains, et parfois sous l’aspect d’un homme de taille gigantesque (souvent on croit les avoir vus tout blancs, minces et grand comme un minaret ou un poteau télégraphique) ; ils se manifestent aussi sous les traits d’un bébé enroulé dans ses langes. Dans les pratiques des Noires de Turquie, le serpent est considéré comme un animal qui incarne les djinns. Le loup et les oiseaux sont les seuls êtres vivants aux attaques desquels les djinns soient invulnérables. Pour les Grecs, la conception de génie n’a pas toujours été la même. Dans Homère, le mot daimon (esprit en grec) désigne seulement la divinité qui préside à la destinée de chacun, c’est-à-dire le sort. Chez Hésiode, les génies sont les âmes des justes de l’âge d’or. Plus tard, les philosophes grecs représentèrent les daimon comme des esprits tutélaires attachés aux hommes dès leur naissance6. Plus précisément, ce “génie individuel était appelé agathos daimon, ou « bon esprit »” (Macho, 2001). Thomas Macho (2001) ira jusqu’à dire que :

L’existence d’un lien entre ces croyances et la tendance bien connue de Socrate à s’en remettre aux conseils de son « daimonion » dans les questions délicates est plus que vraisemblable. Le mythique « daimonion » se retrouve alors converti en une « voix intérieure » et en quelque sorte élevé au statut d’instance de réflexion philosophique, ce qui fit céder certains critiques à la tentation de parler d’origine de la « conscience morale ».

Sous l’Antiquité romaine cette croyance d’un ange gardien personnel réputé accompagner chaque être humain toute sa vie pour être né comme double avec lui perdurera et sera nommé genius (Macho, 2001), il sera aussi intimement lié aux cérémonies et aux superstitions domestiques. En outre, pratiquement dans toutes les nations de l’Antiquité le culte des génies était répandu et on les percevait comme des divinités intermédiaires entre les hommes et les dieux7. Cette brève taxinomie du génie, à défaut d’être exhaustive – mais qui met, me semble-t-il, déjà en évidence la difficulté voire l’impossibilité de classer les génies tant ils se redéfinissent pratiquement dans chacune de leur apparition – soulève deux éléments qui me paraissent particulièrement intéressants, le premier réside dans le fait que le génie s’individualise chez les Grecs et qu’il devient partie prenante dans la construction du sujet et de sa représentation à travers son dédoublement. Plus tard, René Descartes (1641) supposera en vue de clarifier et d’argumenter sa réflexion que ce qui le pousse hors du chemin de la vérité c’est “un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant” et “non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité”(p.67) et il ajoute un peu plus loin qu “il est assez évident qu’il [Dieu] ne peut être trompeur, puisque la lumière naturelle nous enseigne que la tromperie dépend nécessairement de quelque défaut” (p.131). Il part de ce postulat pour affirmer qu’il est.

Il n’y a donc pas de doute que je suis, s’il [le mauvais génie] me trompe tant qu’il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu’après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je prononce, ou que je la conçois en mon esprit (p.73)

Aujourd’hui, les figures permettant à l’homme et à la femme de se représenter à travers une forme de dédoublement sont toujours aussi présentes et sont légion. Les questions autour du clone, de l’avatar mais aussi de toutes formes de revenants hantent, si j’ose dire, aussi bien la culture populaire qu’un nombre non négligeable de débats des sciences humaines et du domaine de l’art8. La virtualisation du monde fait partie de notre quotidien, et ces dites figures – dont fait aussi selon moi partie celle du génie – paraissent être les acteurs majeurs à partir desquels penser mais aussi s’opère ce processus. Je me garderai de me lancer dans une phénoménologie approfondie de ce changement d’état (bien que je serai amené à y revenir) et ceci tout simplement parce que je n’ai ni les compétences, ni les outils conceptuels pour le faire. Cependant, il est fort probable que cette manière d’envisager le monde modifie profondément notre façon de nous représenter en tant que sujet9.
Le second point qui m’interpelle, c’est le rôle de médiateur qui est imparti au génie, la place qu’il tient dans l’entre-deux. Cette tâche d’intermédiaire le condamne à être ni un être humain, ni un dieu mais un esprit suffisamment plastique – dans le sens qu’il doit parfois être modelable afin de s’incarner dans un corps ou un objet, mais doit aussi parfois être enclin à produire des artefacts – en vue de satisfaire celui qui le sollicite et ceci dans un langage intelligible (le génie de la lampe peut tenir une conversation aussi bien avec Aladin qui habite en Chine qu’avec le mage tyrannique qui vient du bas Maghreb, par exemple). Or, il s’agit ici d’une forme de lieu, de la constitution d’un espace-temps. Une boîte de Pandore (panta dôra « qui a tous les dons ») contenant à la fois tout le bien et le mal. Plus largement encore, un lieu du dédoublement dont sont issus le politique, le juridique, le moral, le philosophique, l’art et dont les génies sont les vecteurs. Une virtualité par laquelle des esprits font apparaître des bribes du monde, mais qui contient en elle-même tout le monde et toutes les possibilités de l’agencer à l’infini aussi bien dans l’espace que dans le temps. C’est hypothétiquement par cette manière aléatoire de donner à voir le monde, c’est-à-dire en répondant au gré des désirs qu’à l’être humain de jouir de l’infini offert par la virtualité – tous les possibles —que le génie se détache de la série genèse, généalogie, genre. Dans Aladin, le génie de la lampe répond aux ordres du propriétaire de la lampe et que ceux-ci soient émis à dessein de changer l’ordre du monde par le bien ou le mal, il n’en a cure. Mais Il serait trop facile d’accuser le génie de notre errance voire de notre perte car comme on l’a vu, il s’est déplacé. S’il était dans l’Antiquité entre ciel et terre et qu’on cherchait à la contenir dans un récipient pour profiter de ses pouvoirs, il est maintenant en nous, il a glissé en nous – tout du moins en Occident, c’est peut-être dans ce glissement d’ailleurs que se joue son destin10
— et c’est en nous que ce lieu se trouve, pour reprendre un syntagme de Jacques Derrida (2003) qui écrit à son propos :

[…] je viens de me servir une fois de plus de l’expression « se trouver ». Pour souligner que quelque chose du dehors, en tant que dehors, extérieur à un ensemble donné, se trouve aussi inscrit au-dedans, le plus grand se trouvant ainsi précompris dans un plus petit toujours plus grand que le plus grand, etc. Plus tôt j’avais recouru cent fois à l’expression se trouver. Ce syntagme, se trouver, m’intéresse deux fois. D’abord à cause d’un usage français fort idiomatique, voire intraduisible, comme un idiome, d’ailleurs, se trouve être ainsi et non ainsi, de façon apparemment contingente. Ensuite à cause du lien entre la génialité et l’imprévisibilité événementielle du « ça se trouve ainsi », la génialité consistant à se trouver trouver (inventer, créer, inaugurer, révéler, découvrir) ce qui se trouve là où personne ne l’avait encore trouvé. […] le « se trouver » pouvant consister à se trouver, à se découvrir, à se rencontrer réflexivement, spéculairement et transitivement soi-même (se trouver soi-même), mais aussi bien être passivement et inconsciemment localisé, situé, à avoir lieu, à être posé, jeté, placé ici ou là plutôt qu’ailleurs, de façon contingente, voire miraculeuse, destinale en tout cas. (pp. 73 à 75)

Ce lieu maintenant intériorisé, « en soi-même » nous amène donc à penser que nous ferions partie intégrante de cette virtualité. Dans ce lieu du dédoublement, il nous est donné de nous trouver trouver. C’est peut-être là que se rejoignent les deux définitions du terme génie, à travers cette conjonction du double qui s’ingénie à se trouver. En intériorisant le génie nous aurions pris conscience d’être des êtres projetés – “jetés11 – dans ce lieu intermédiaire tout en nous y trouvant déjà. Un double qui se cherche et se trouve en lui-même et ceci à l’infini. Il est vrai que ce processus pourrait faire l’objet d’une genèse, d’une généalogie et d’un genre, nonobstant le génie ou plutôt le coup du génie – car il s’agit du déploiement d’une force, d’une puissance – se donne à voir, depuis que nous l’avons intériorisé, par des sujets qui produisent des objets (toute chose qui affecte les sens) qui nous apparaissent inopinément et que l’on trouve surhumain. Humain certes, mais à côté. C’est donc une répétition, mais pas à l’identique, une reprise12. Il me semble que c’est là toute l’ambiguïté du génie, c’est qu’il se réfère au monde mais le ré-invente, il est à la fois rupture et filiation. D’ailleurs, en latin le terme invenio (in-venio, is, ire, veni, ventum) évoque déjà à lui seul cette contradiction en désignant à la fois le fait de “trouver” après recherches, dans un substrat et de “se retrouver” (se invenire) mais aussi d’“inventer”13. Or, nous pouvons spéculer que le génie apparaît dans sa façon, dans sa contrefaçon aurait dit Jacques Derrida (2003)14, singulière de multiplié le monde, de nous révéler la multiplicité des mondes possibles mais qui seraient en lien direct, réel, avec notre monde. Dès lors, le génie – le sujet – aurait la puissance d’inventer des objets c’est-à-dire de les re-produire (d’un passé) et de les projeter (dans un futur) et par le fait qu’il est à la fois bon et mauvais, il a la capacité – la liberté – au sein même de ce déplacement, de cette économie – de ce destin – d’agir sur l’ordre du monde15.
Ainsi, il n’est pas très étonnant que l’Homme se cherche dans la virtualité du monde. Cette virtualité qui semble contenir tous les possibles en ayant la faculté de satisfaire notre désir de la fin de notre disparition. Toutefois, si nous avons le pouvoir du génie, si nous détenons sa toute-puissance, il en va de notre responsabilité quant à son utilisation car comme le dit déjà René R. Khawam (1988) dans l’introduction qu’il fait du livre d’Aladin :

[…] ce n’est pas merveille si la lampe fait merveille. Dans ce conte merveilleux, il y a de la moralité, comme dans une fable. Un homme a mérité son destin : ses aventures mêmes en font un initié, et cette initiation nous comble, car il s’avère que le bénéficiaire de tant de dons a su utiliser au mieux ce qui lui avait été offert. (p. 15)

Cependant, en ayant intégré en nous le génie, la virtualisation du monde ferait partie intégrante de notre destin et il ne s’agit plus d’une fable mais de notre avenir16. Avenir dans lequel il nous ait donné, comme nous l’avons déjà soulevé plus haut, de changer l’ordre du monde, son homogénéité.



1. Cf. Petit Robert (2002, p. 1176)
2. Ibid. p. 1174
3. Ibid. p. 1174 ; Louis Quicherat & Emile Chatelain, Dictionnaire Français Latin, Libraire Hachette : Paris, 1992 (62ème édition), (p.664)
4. Si le terme djinn veut dire génie en arabe, le terme djins signifie genre en arabe, dans l’Antiquité. Il est le premier des cinq termes (le genre, l’espèce, la différence, le propre et l’accident) donné par Porphyre dans son Introduction à la Logique d’Aristote. Il est de nos jours employé pour désigner le sexe. (B. Lewis, Ch. Pellat et J. Schacht, Encyclopédie de l’Islam. Tome II, Editions : G.-P. Maisonneuve & Larose S.A., Paris ; 1965, pp. 563-564)
5. Il semblerait que certains génies ont un rapport spécifique avec les oiseaux. Dans le Coran, on peut lire qu’“un jour, les armées de Salomon, composées de génies et d’hommes, se rassemblèrent devant lui, et les oiseaux aussi, tous rangés séparément” (Sourate 27, verset 17). Nous verrons plus loin d’autres accointances entre le génie et les oiseaux. Néanmoins, je n’ai malheureusement pas trouvé le motif précis qui justifie un tel mécontentement de la part du djinn.
6. Bibliographie de la taxinomie :
A. Quillet, Dictionnaire Encyclopédique Quillet, Editions : Librairie Aristide Quillet, 1983, p. 2752 ; B. Lewis, Ch. Pellat et J. Schacht, Encyclopédie de l’Islam. Tome II, Editions : G.-P. Maisonneuve & Larose S.A., Paris , 1965, pp. 560 à 563. ; Thomas Macho. (2001). Le double. (B. Hochstedt, trad.). [Page Web]. Accès : http://www.gazzetta-pl.ch/site/display_text.php?id=32&language=fr
7. Ibid. p. 2752
8. Cf. Fresh Théorie II. Black Album, Editions Léo Scheer, Paris, 2006
9. Serge Margel, Apparition—Disparition. Une phénoménologie du fantôme est-elle possible ? conférence donnée le 20 novembre 1999 au Musée de l’Elysée à Lausanne organisée dans le cadre de l’exposition : “Le corps. Les images subites” par Claire de Ribaupierre et Véronique Mauron.
10. Serge Margel. (1999). Secret de décadence – De la disparition des oracles et l’origine de la question du religieux. [Page Web]. Accès : http://www.gazzetta-pl.ch/site/display_text.php?id=77&language=fr
11. Jacques Derrida, Genèses, généalogies, genres et le génie. Les secrets de l’archive, Editions Galilée, Paris, 2003
12. Christophe Kihm, Autour de la performance, (août 2007), conférence donnée dans le cadre du festival des arts vivants 2007 à Nyon.
13. Félix Gaffiot, Le Grand Gaffiot – dictionnaire Latin-Français, Editions Hachette, Paris, 2000
14 “Partout s’insinue donc l’idée du génie de contrefaçon. Le génie ce contrefait, mais il y a aussi un génie de contrefaçon” (p.81)
15. Cf. Serge Margel. Destin et liberté. La métaphysique du mal. Editions Galilée, Paris, 2002
16. Serge Margel. (1999). Secret de décadence – De la disparition des oracles et l’origine de la question du religieux. [Page Web]. Accès : http://www.gazzetta-pl.ch/site/display_text.php?id=77&language=fr

Références bibliographiques :

Alizart, M. & Kihm, Ch. (Ed.). (2006). Fresh Théorie II. Black Album. Paris : Editions Léo Scheer
Derrida, J. (2003). Genèses, généalogies, genres et le génie. Les secrets de l'archive, Paris : Galilée
Descartes, R. (1992). Méditations métaphysiques. Objections et réponses suivies de quatre lettres. Paris : GF Flammarion (Original publié 1641)
Le Coran. (1970). (Kasimirski, trad.). Paris : GF Flammarion (Original publié ?)
Le Roman d’Aladin. (1988). (R. R. Khawam, trad.). Paris : Phébus libretto (Original publié ?)
Macho, Th. (2001). Le double. (B. Hochstedt, trad.). [Page Web]. Accès : http://www.gazzetta-pl.ch/site/display_text.php?id=32&language=fr
Margel, S. (1999). Secret de décadence – De la disparition des oracles et l’origine de la question du religieux. [Page Web]. Accès : http://www.gazzetta-pl.ch/site/display_text.php?id=77&language=fr
Margel, S. (2002). Destin et liberté. La métaphysique du mal. Paris : Galilée


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